Quelques légendes corses

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Contes, légendes et autres croyances sont très répandus en Corse. Depuis toujours, l’île transporte, et transmet de génération en génération, un profond univers mystique, fait de croyances religieuses et de légendes des plus extraordinaires.

Si les traditionnelles veillées au coin du feu, en famille ou entre voisins, ne sont plus d’actualité ; elles restent néanmoins évocatrices du poids de ces contes et légendes dans la vie des corses d’antan. Toujours prises très au sérieux par la population insulaire, encore de nos jours, ces croyances continuent de rythmer la vie de l’île, les prises de décisions, les attitudes…

 

L’oeil de Sainte Lucie

Ce petit opercule de coquillage revêt une importance toute particulière en Corse. En effet, il est un signe de porte-bonheur et éloignerait le mauvais sort.

Il n’est pas rare de croiser des corses sur les plages, à la recherche du précieux sésame ! Recroquevillés sur le sable, les pieds dans l’eau, le long des longues plages de sable fin de l’île, les corses s’amusent à scanner régulièrement les bords de mer dans l’espoir de trouver ce petit coquillage qui leur apportera la chance qu’ils recherchent tant.

Cette légende est née au IXème siècle avec la jeune fille nommée Lucia, qui se serait arraché les yeux en dévotion pour la vierge Marie. Suite à cela, Lucia aurait accompli de nombreux miracles. La vierge Marie lui aurait alors rendu la vue, avec des yeux plus beaux et lumineux encore.

Les mazzeri

La mazzeru est considéré comme un sorcier capable de tuer durant la nuit. La légende des mazzeri est connue et respectée dans toute la Corse. Pendant son sommeil et dès lors que la population est elle aussi profondément endormie, le mazzeru part à la recherche d’une proie. Dans son rêve, la proie en question est un animal, mais cette dernière s’avérera en fait être un être humain. Un homme, une femme ou un enfant du village. Ce dernier est alors condamné dans les jours suivant la chasse noctambule du mazzeru; sauf si ce dernier lui offre sa vie.

La légende, ou plutôt devrions-nous dire la croyance, des mazzeri est profondément ancrée dans la culture corse. Si elle ne rythme pas autant le quotidien que d’autres croyances peuvent le faire, elle fait néanmoins partie intégrante de la culture mystique qui règne sur l’île.

L’ochju et la signadore

Voila une autre croyance fortement répandue en Corse : le mauvais oeil (ochju). Si un corse se sent trop fatigué ou malchanceux pendant un laps de temps jugé trop long, il estime alors qu’il a été frappé par le mauvais oeil. Cette malchance aurait alors été jetée de façon volontaire ou non par un être humain envieux, jaloux ou tout simplement admiratif.

Comment alors se dépêtrer de ce mauvais oeil à l’origine de fatigue et autres troubles quotidiens ? C’est une signadore qu’il faut aller voir. Cette femme a appris un soir de Noël une ou plusieurs prières visant à enlever le mauvais sort. Rendez-lui visite ; puis dans le noir, à la lumière d’une lampe à huile, avec une assiette, de l’eau et de l’huile, elle exercera avec empathie et générosité, son don à votre service. Vous repartirez de chez elle, l’esprit léger. Simple effet psychologique ou véritable magie ? Les corses ont tranché.

Depuis toujours, les légendes et croyances corses ont animées les soirées en famille ou entre amis, l’hiver comme l’été. Chacun cherchant la conter la sienne, les plus jeunes avides de découvertes ou de frissons. L’histoire de la Corse a été aussi tourmentée et extraordinaire que le sont aujourd’hui les légendes qui la représentent. Entre invasions, révoltes et autres combats, il n’est pas surprenant que les légendes et croyances corses soient marquées par l’équilibre entre le bien et le mal, la vie et la mort.

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